gypseas

Réserve du Jaguar

Mon, 11 Aug 2025 00:00:00 +0000

(chants composés et interprétés par Fulmar)

Un mois dans la Réserve du Jaguar

Après 9 mois en mer entre septembre 2024 et juin 2025, nous recherchions une expérience en lien avec la terre.
La Terre Mère,
la Terre qui donne,
la Terre qui protège, et,
la Terre que nous souhaitons protéger !
Nous voilà partis pour une expérience d’un mois dans la Réserve Naturelle et station Biologique du Jaguar del Carrizal de la fondation Bachaqueros dans les montagnes sacrées de la Sierra Nevada de Santa Marta, au Nord-Est de la Colombie.

La réserve se trouve sur le territoire du jaguar, faisant partie du corridor naturel qu’il emprunte pour se nourrir en descendant de la montagne. Prendre soin de ce territoire contribue à prendre soin de ce félin. Nous apprendrons plus tard que le Jaguar est un animal sacré. Les chamans, ou Mamos, peuvent entrer en lien avec l’esprit du Jaguar dans leur transe et en revenir avec des messages et de nouvelles visions pour orienter, guérir, trouver des solutions.
A défaut d'en avoir croisés en vrai, il a peuplé nos vadrouilles culturelles :

Nous sommes accueillis par Fulmar et Raymondo, couple Colombiano-mexicain d’une trentaine d’années et leur deux enfants de deux et cinq ans. Ils sont engagés et responsables de la Réserve.

La forêt sèche de la Sierra Nevada, où se trouve la réserve, est un écosystème menacé car ultra fertile. Les agriculteurs y coupent depuis des décennies les arbres pour créer des pâturages. Les plus belles essences, au bois dur comme l’ébène verte ou l’acajou, sont revendues à l’international notamment pour la construction.
La légende dit que l’ancien propriétaire qui cultivait les terres de l’actuelle réserve et les mettait en pâturage a, un jour, abattu un arbre maître. Quinze jours plus tard, la rivière s’est asséchée l’empêchant de continuer son activité.
Lauréate d’un fond pour la biodiversité, la Fondation a racheté cette Terre achetée il y a six ans avec comme objectif la réalisation d'études sur la biodiversité et sa reforestation.

Le projet de la réserve fonctionne grâce au volontariat et nous y retrouverons des jeunes étudiants ou actifs entre 20 et 30 ans venant essentiellement d’Europe et des US. Nous sommes les « darons » de la bande et nous profitons de ce volontariat pour découvrir cette jeunesse consciente et engagée qui passe ses vacances à donner de son temps pour un projet qui lui parle.
Parmi les nombreuses discussions, les thèses, mémoires et sujets de recherche loin des enjeux de la vie productive et d’un travail rémunéré. Ça donne envie de redevenir étudiant, d’apprendre, découvrir, chercher, grandir, s’ouvrir, s’éveiller…
Parmi les nombreux sujets qui m’animent : la connaissance et l’influence des peuples premiers, les plantes et leur propriétés, de nouvelles méthodes de coaching comme la Gestalt Thérapie, le chamanisme et le monde de l’invisible, l’énergétique, les neuro-sciences, les massages, le yoga… bref autant de sujets à propos desquels je pourrais passer une vie !
Ambre et Eole sont les mascottes de la Réserve avec leurs deux copains plus jeunes. Nous sommes aussi heureux d’avoir du relai dans les jeux de cartes et les jeux physiques, les échanges, les influences,avoir des tiers qui sont présents dans la vie quotidienne. Ils y apprennent notamment le jeu des échecs qui devient une passion pour Ambre. Éole reste quant à lui adepte de la lecture dès qu’il a un temps pour lui. Heureusement, nous avons la liseuse (merci Lolo !).
Notre séjour est également marqué par la générosité de nos hôtes qui donnent leur vie pour ce projet depuis six ans. Nous aurons une relation particulière avec Fulmar qui parle anglais (notre espagnol est vraiment très limité) et avec qui nous connectons. Venant d’un milieu social élevé, elle a fait le choix de vivre dans la forêt et de vivre simplement en harmonie avec la nature. Musique, culture, décodages de de la Colombie et des indigènes de la Sierra Nevada, sexualité, médecine des plantes, cuisine locale, éducation… tous les sujets sont ouverts et discutés avec un grand respect. Nos échanges sont riches de curiosité et compréhension de nos univers respectifs. Fulmar nous régalera de soirées vibrantes au rythme des tambours et de sa voix puissante.
La cuisine est au cœur de la vie collective. Un duo est responsable de la cuisine une journée par semaine. Rencontre culturelle, nous cuisinons sainement avec des produits locaux et non transformés. Ici, il n’y a pas de frigo et l'électricité, d’origine solaire, est utilisée avec grande modération pour faire fonctionner la pompe à eau, nous éclairer le soir et recharger les téléphones.
Raymondo nous ouvre quant à lui les portes de la forêt (tropicale pour nous, forêt sèche pour eux !). Mexicain ayant suivi sa femme en Colombie, il arpente la jungle munie de son sac en fique (agave, dont la fibre est utilisée ancestralement), ses bottes et sa machette. Avec Ray nous désherbons, plantons, reforestons, construisons des briques en terre et prenons soin de l’eau qui vient de la rivière. Il nous propose également une cérémonie temazcale, médecine naturelle et traditionnelle aztèque (et d’Amérique Latine de manière générale), pour prendre soin de soi, se nettoyer, donner, remercier et prendre soin de la nature, et honorer ses ancêtres, grâce à la hutte de sudation, aux chants, à la musique et aux rituels traditionnels, nous passons les quatres portes pour nous purifier.

Un grand merci à Fulmar et Ray pour leur accueil et générosité.

Zoom sur la reforestation
Nous n’avions pas imaginé tout le travail nécessaire pour replanter un arbre dans ces montagnes pentues :
- Récolter les graines,
- Faire les semi (moins d’un 1 sur 10 est utilisable)
- Replanter dans un sac temporaire plus grand
- Arroser pendant une année et demie
- Creuser des trous
- Acheminer les arbres sans les casser dans la forêt
- Trouver les trous !
- Planter avec de l’hydrogel pour qu’il tienne jusqu’à la prochaine pluie
- Marquer l’arbre et le référencer dans une plate-forme adhoc

Les grands principes de la Réserve

Basés sur la colonne vertébrale : « we´re not organized in a logic of productivity but logic of care » :

- Prendre soin de la nature qui nous donne tous les jours grâce à une économie de la réciprocité : donner et recevoir. La terre est abondance. Nous recevons au quotidien de la terre qui donne sans compter. Recevoir et donner en retour par des pensées, des actions, des actes de reconnaissance, de soin et de respect vis-à-vis de la Terre Mère. Prendre soin et rester connectés à cette terre nourricière est certainement un des enjeux de notre société ou nous vivons de plus en plus hors sol.

- Prendre soin des autres : faire de son mieux et considérer que chacun fait de son mieux, en respectant la manière d’être de tous.

- Prendre soin de soi : se respecter et rester fidèle à soi-même en faisant ce qu’il nous plait.

- Prendre soin de sa relation à l’argent en considérant que « Dinero es fuego ». L’argent est comme le feu. Tu en as besoin suffisamment pour vivre, te chauffer, te nourrir, t’épanouir mais si tu en as trop, l’argent agit comme le feu et brûle tout sur son passage. J’aime beaucoup cette relation entre l’argent et le feu pour trouver l’équilibre, la juste relation à l’argent. L’argent est un moyen, une nécessité pour bien vivre mais non une fin en soi. L’argent doit rester à sa place pour qu’il ne prenne pas le dessus sur les envies, les rêves, les idées.

Pour clôturer cet article, nous vous partageons une lecture qui a inspiré notre mois dans la Réserve « Tresser les herbes sacrées » de Robin Wall Kimmerer qui entre fort en résonance avec ce que nous avons vécu sur la relation à la terre et l’économie de la réciprocité.

Une prière - intention pour être en gratitude avec la Terre
Rassemblons nos esprits, Saluons et remercions notre Mère la Terre, Qui soutient nos vies grâce à ses nombreux dons, Gratitude et réciprocité envers ce monde, Solide comme un silex.

Et « l’action de Grâce d’Haudenosaunee » traduit de la langue Onondaga pour une connexion plus longue et profonde au monde naturel. Les enfants des peuples autochtone d’Amérique du Nord récitent tous les jours cette action de grâce.

Salutation au naturel
Les personnes
Aujourd’hui, nous sommes rassemblés et nous voyons que les cycles de la vie continuent. Nous avons le devoir de vivre en équilibre et en harmonie les uns avec les autres et avec tous les êtres vivants. Alors maintenant, nous rassemblons nos esprits, nous nous saluons et remercions les uns les autres en tant que personnes.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

La Terre Mère
Nous sommes tous reconnaissants envers notre mère, la Terre, car elle nous donne tout ce dont nous avons besoin pour vivre. Elle supporte nos pieds alors que nous marchons sur elle. Nous sommes heureux qu’elle continue à prendre soin de nous, comme elle le fait depuis le début des temps. À notre mère, nous la saluons et la remercions.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les eaux
Nous remercions toutes les eaux du monde d’avoir étanché notre soif et de nous avoir donné de la force. L’eau est la vie. Nous connaissons son pouvoir sous de nombreuses formes: cascades et pluies, brumes et ruisseaux, rivières et océans. D’un seul esprit, nous saluons et remercions l’esprit de l’eau.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Le poisson
Nous portons notre attention sur la vie de tous les poissons dans l’eau. Ils ont été chargés de nettoyer et de purifier l’eau. Ils se donnent aussi à nous comme nourriture. Nous sommes reconnaissants de pouvoir encore trouver de l’eau pure. Alors, nous nous tournons vers les poissons, nous les saluons et les remercions.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les plantes
Tournons-nous maintenant vers les vastes champs de la vie végétale. À perte de vue, les plantes poussent et font de nombreuses merveilles. Ils entretiennent de nombreuses formes de vie. Une fois nos esprits rassemblés, nous rendons grâce et avons hâte de voir la vie végétale pour les générations futures.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les plantes alimentaires
Avec un seul esprit, nous nous tournons pour honorer et remercier toutes les plantes vivrières que nous récoltons dans le jardin. Depuis le début des temps, les céréales, les légumes, les haricots et les baies ont aidé les gens à survivre. Beaucoup d’autres êtres vivants en tirent également la force. Nous rassemblons tous les aliments végétaux en un et nous les saluons.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les herbes médicinales
Nous nous tournons maintenant vers toutes les herbes médicinales du monde. Dès le début, elles ont reçu pour instruction de se débarrasser de la maladie. Elles sont toujours en attente et prêtes à nous soigner. Nous sommes heureux qu’il y ait encore parmi nous des personnes spéciales qui se souviennent de l’utilisation de ces plantes pour guérir. D’un seul esprit, nous saluons et remercions les herbes médicinales et les gardiens des herbes médicinales.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les animaux
Nous rassemblons nos esprits pour saluer et remercier toute la vie animale dans le monde. Les animaux ont beaucoup de choses à nous apprendre. Ils nous honorent quand ils abandonnent leur vie pour pouvoir utiliser leur corps comme nourriture pour notre peuple. Nous les voyons près de chez nous et dans les forêts profondes. Nous sommes heureux qu’ils soient toujours là et nous espérons qu’il en sera toujours ainsi.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les arbres
Nous tournons maintenant nos pensées vers les arbres. La Terre a beaucoup de familles d’arbres qui ont leurs propres fonctionnements et usages. Certains nous fournissent un abri et de l’ombre, d’autres des fruits, de la beauté et d’autres objets utiles. Beaucoup de personnes dans le monde utilisent un arbre comme symbole de paix et de force. D’un seul esprit, nous saluons et remercions la vie de l’arbre.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les oiseaux
Nous rassemblons nos esprits et remercions tous les oiseaux qui bougent et volent au-dessus de nos têtes. Le Créateur leur a donné de belles chansons. Chaque jour, ils nous rappellent de profiter et d’apprécier la vie. L’aigle a été choisi pour être leur chef. À tous les oiseaux – du plus petit au plus grand – nous les saluons et remercions joyeusement.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les quatre vents
Nous sommes tous reconnaissants des pouvoirs reconnus des quatre vents. Nous entendons leurs voix dans l’air en mouvement alors qu’ils nous rafraîchissent et purifient l’air que nous respirons. Ils nous aident à apporter le changement de saisons. Ils viennent des quatre directions, nous apportant des messages et nous donnant de la force. D’un seul esprit, nous saluons et remercions les quatre vents.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les foudroyeurs
Nous nous tournons maintenant vers l’ouest, où vivent nos grands-pères, les êtres du tonnerre. Avec des éclairs et des voix tonnantes, ils apportent avec eux l’eau qui renouvelle la vie. Nous sommes reconnaissants qu’ils gardent ces mauvaises choses faites par Okwiseres sous terre. Nous rassemblons nos esprits pour saluer et remercier nos grands-pères, les foudroyeurs.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Le Soleil
Nous adressons maintenant nos salutations et nos remerciements à notre frère aîné, le Soleil. Chaque jour, il parcourt le ciel d’est en ouest, apportant la lumière d’un nouveau jour. Il est la source de tous les feux de la vie. D’un seul esprit, nous saluons et remercions notre frère, le Soleil.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Grand-mère Lune
Nous nous sommes rassemblés pour remercier notre plus ancienne grand-mère, la Lune, qui illumine le ciel nocturne. Elle est la dirigeante de la femme partout dans le monde et elle gouverne le mouvement des marées. Par son visage changeant, nous mesurons le temps et c’est la Lune qui veille à l’arrivée des enfants ici sur Terre. Avec un seul esprit, nous envoyons nos salutations et remercions notre grand-mère, la Lune.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les étoiles
Nous remercions les étoiles qui se répandent dans le ciel comme des bijoux. Nous les voyons dans la nuit, aidant la Lune à éclairer les ténèbres et apportant la rosée aux jardins et aux plantes en croissance. Quand nous voyageons la nuit, elles nous guident chez nous. Tous nos esprits étant réunis, nous saluons et remercions les étoiles.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Les enseignants éclairés
Nous rassemblons nos esprits pour saluer et remercier les enseignants éclairés qui sont venus pour aider à travers les âges. Lorsque nous oublions comment vivre en harmonie, ils nous rappellent la façon dont on nous a demandé de vivre en tant que personnes. D’un seul esprit, nous saluons et remercions ces enseignants attentionnés.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Le Créateur
Nous tournons maintenant nos pensées vers le Créateur, ou le Grand Esprit, et envoyons nos salutations et nos remerciements pour tous les dons de la Création. Tout ce dont nous avons besoin pour bien vivre est ici, sur cette Terre nourricière. Malgré tout l’amour qui nous entoure encore, nous rassemblons nos esprits et envoyons nos meilleurs vœux de salutations et nos remerciements au Créateur.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Mots de clôture
Nous sommes maintenant arrivés à l’endroit où nos paroles se terminent. De toutes les choses que nous avons nommées, notre intention n’était pas de laisser de côté. Si quelque chose a été oublié, nous laissons à chaque personne le soin d’envoyer ses salutations et ses remerciements à sa manière.
Maintenant nos esprits ne font qu’un.

Carthagena de Indias

Sat, 12 Jul 2025 00:00:00 +0000

Après une brève hésitation (enchainer les trajets pour rejoindre Cartagena, ou se reposer à notre arrivée à Santa Marta), notre choix est fait : nous sautons dans un bus pour Cartagena, la traversée sur Sea Dog nous ayant requinqués.
Ça y est, nous voilà de nouveau terriens. Les souvenirs de nos voyages passés avec sacs à dos sur le dos refont surface, nous sommes ravis ! Il est vrai que depuis que nous nous sommes installés à Marseille en 2013, nous explorons plutôt les paysages français que nous ne prenons l’avion pour d’autres contrées exotiques.
Cartagena de Indias résonne comme une des villes mythiques pour nous, marins que nous sommes devenus avec le temps. Porte de l’Amérique du Sud créée en 1533 par les Espagnols, elle porte aussi dans ses gènes le sang des Indiens qui n’ont pu lutter contre l’invasion des conquistadors en quête de l’or alors tant convoité. Les caraïbes ont cette dualité omniprésente : lieux paradisiaques d’un côté, histoire chargée de l’autre. A nous de découvrir ces lieux, en conscience.

Le musée naval relate fièrement la bataille de 1741 : les anglais voulaient mettre un terme au monopole hispanique sur les richesses du continent. En large suprématie numéraire tant en terme de soldats que de navires, ils s’emparent facilement de Porto Bello (actuelle Panama), premier des quatre ports principaux espagnols. Ils arrivent alors aux portes des remparts de Carthagène, sûrs de leur victoire. Mais le siège de la ville s’éternise et, surtout, la saison des pluies débute. La malaria et la fièvre jaune déciment la moitié des troupes britanniques qui finissent par battre retraite. Les colombiens se plaisent aujourd’hui à dire qu’une issue contraire aurait abouti à ce que l’on parle aujourd’hui anglais plutôt qu’espagnol dans presque toute l’Amérique du Sud !

Le centre historique est magnifique, peuplé de demeures aux balcons typiques ornant les façades colorées. Chacune porte encore la trace des familles à qui elles appartenaient, reconnaissable à leur heurtoir, symbole de leur classe sociale : poisson ou sirène pour les marchands, lézard pour les militaires, lion pour la caste royale ou encore hibou pour les savants.
Getsemani, le quartier voisin, abritait encore jusqu’à peu les ouvriers. Il est devenu le lieu en vogue pour boire un verre le soir dans les rues aux murs peints de portraits plus colorés les uns que les autres. Nous y posons nos valises. Les marchands ambulants nous régalent les matins de fruits, puis plus tard dans la journée, de grillades et autres arepas.
Ce seront nos premiers pas en Colombie…

À notre tour !

Sun, 06 Jul 2025 00:00:00 +0000

Nous savions qu’il était de coutume de faire du bateau stop, en particulier pour faire la transat’. Les motivations diffèrent, mais la plupart du temps le profil des personnes rencontrées est plutôt jeune, souhaitant voyager sans prendre l’avion, avec ou sans expérience nautique. Nous avons été surpris par le nombre de back-packers en quête d’une embarcation ! Nous avons même été démarchés, avec CV à l’appui, via les applis en vogue auprès des voileux que sont Navily et No Foreign Land.
Côté propriétaires, l’intérêt est la plupart de temps de se relayer pour les quarts pour les longues navigations, participer à la caisse de bord et pour nous, aussi et surtout, apporter de nouvelles énergies dans notre équipage parents-enfants ! Ainsi, Marie, Joel et Anne-Lise ont partagé notre quotidien depuis notre départ. Nous aurions aimé rallier la Colombie à la voile, mais l’offre de chantier & stockage à sec de bateaux y étant trop restreinte, nous avons préféré laisser Zou Maï à Curaçao et inverser les rôles. Nous voilà à poster une annonce à notre tour pour trouver un équipage prêt à nous accueillir (avec nos bagages pour 5 mois, hum) pour rejoindre Santa Marta ! Deux bateaux nous répondent : nous embarquerons à bord de Sea Dog, catamaran de 58 pieds que Shelby Brent, Wes et Oria habitent depuis leur départ en Floride natale. Autant dire qu’après le mois passé dans la chaleur, la poussière et les moustiques à bord d’un Zou Maï à sec dans un chantier naval, nous avons l’impression d’embarquer dans un hôtel ! Shelby et Brent nous ouvrent les portes de leur quotidien, avec grande générosité.

Bonheur pour nous de nous laisser guider, de nous laisser porter. Curiosité aussi de découvrir une autre manière de naviguer et de vivre que la nôtre. Les enfants sont aux anges : frigo rempli de fruits et de portions individuelles de formage à volonté, consoles de jeu également pour les traversées ! Shelby ayant été jusque-là sujette au mal de mer, Brent a jusque-là assumé entièrement les quarts de nuit, jouable un jour ou deux mais pas beaucoup plus. Ils se retrouvent donc aussi dans notre venue à bord pour les trois jours qui seront nécessaires pour arriver à Santa Marta et passer ce qui est parfois appelé le « Cap Horn » des Caraïbes. En effet, par mauvaises conditions ce cap peut s’avérer redoutable du fait des forts courants pouvant rencontrer les vents catabatiques qui descendent des pentes de la Sierra Nevada de Santa Marta, son sommet culminant à 5700m à seulement 80km des côtes…
Le créneau choisi sera le bon, nous n’aurons qu’une faible houle (ressentie, les 17 mètres du cata aidant) pour cette traversée calme, well done Captain Brent ! Et surtout merci !

Caraïbes (7/7) : Curaçao, Zou Maï en hivernage... avec un (gros) chantier

Sun, 01 Jun 2025 00:00:00 +0000

Notre choix s’est porté sur cette île hollandaise dans le Sud de la mer des Caraïbes pour hiverner notre voilier pendant la saison cyclonique. L’idée étant de le laisser à sec et de passer la saison à terre en Amérique du Sud. Après la découverte du soufisme en Turquie l’an dernier, nous voilà sur les traces des peuples autochtones (notamment des indiens Kogi) de Colombie.
Et avant d’y arriver, nous devons faire face à une avarie dans la zone du gouvernail (la direction du bateau). De l’eau s’insère dans le bois qui entoure le tube de jaumière et crée un petit jeu qui peut devenir inquiétant si nous ne faisons rien.

Un chantier nous attend.
Nous nous attaquons en priorité à ce tube de jaumière (tube qui traverse la coque, dans lequel passe la mèche du safran) pour le démonter et voir comment réparer. Nous sommes sur une petite ile, les ressources sont limitées. Il va falloir faire preuve d'ingéniosité... Nous avons la chance d'être conseillé par Alex, ami architecte naval rencontré au cours du voyage ; Alain, qui nous avait déjà bien aidé à Léros et Kais, qui nous avait aidé à réparer Zou Mai après la tempête de 2022.
D'autres zones de la coque retiennent notre attention. Zou Mai est agé (52 ans tout de même), sa coque a une structure en bois massif recouverte de 25mm de contreplaqué enrobé d'une fine fibre. En grattant un peu, nous nous rendons compte que l'étrave nécéessite d'être en partie refaite... Coup dur, mais destin de marin que de prendre soin de sa monture.

Nous voulions initialement seulement préparer le chantier pour le faire à notre retour en automne. Mais nous apprenon que l'automne est chaud (autour de 40°C) et très humide, mauvaises conditions pour faire sécher et travailler l'époxy. Décision est prise : la Colombie attendra, nous faisons le chantier maintenant !

Il va nous falloir nous adapter pour vivre à quatre sur le chantier, une bibliothèque accueillera Emma pour ses calls et les enfants pour leur scolarité à distance. Les conditions loin d'être idéales, mais il faut s'adapter ! Maitre mot de ce voyage...

En photo :

> On s'est quand même un peu baladé pour profiter du coin :

> Les 8 ans de Ambre :

> La salvatrice bibliothèque (calme, climatisée, sans poussières...) voisine pour les devoirs des enfants et les calls d'Emma :

> Allez, on s'y met :

> Notre tube de jaumière qui avait commencé à bouger pendant la transat' du fait d'une infiltration d'eau (le bois de la pièce de quille s'est ramolli au fil du temps, on ne sait pas depuis quand). Décision est prise de refaire le tube en résine epoxy, avec un renfort inox :

> on en profite pour refaire l'étanchéité de tout le skeg (fibre, résine & enduit époxy) :

> et le joint de quille :

> Mauvaises surprises : une partie du contre plaqué de l'étrave est pourrie à deux endroits, on ouvre jusqu'à avoir du bois et du contre plaqué sains, pour refermer ensuite avec du nouveau contre-plaqué, fibre de verre, résine et enduit époxy :

> on en a profité pour faire poncer toute les œuvres vives pour enlever les vieux antifouling avant d'en remettre un nouveau à notre retour à l'automne :

Caraïbes (6/7) : Los Roques, paradis du vivant

Sat, 10 May 2025 00:00:00 +0000

Nous clôturons cette longue saison sur les flots par la découverte de los Roques, archipel vénézuélien préservé par une réserve naturelle. Située à l’écart de l’arc Antillais et proche des côtes aujourd’hui dangereuses du Vénézuela, Los Roques sont à l’abri du tourisme de masse. On y vit l’extraordinaire. Ces quinze jours sont hors du temps, un appel vers les îles du Pacifique. Nous y soufflons nos deux années de vie-voyage !

Atolls paradisiaques avec une faune et une flore exceptionnelle. Nous sommes dans un paradis vivant, des couleurs lumineuses du bleu clair, en passant par le turquoise au bleu profond.
Le snorkelling (simple nage avec masque et tuba) est également de l’ordre du jamais vu ! Beaucoup de première fois en 15 jours ! Nous nageons d’abord, proche de la plage à côté de milliers (peut-être millions) de mini poissons. On a l’impression d’être dans une nourricière. Et puis, viennent les petits poissons longs, larges, ovales, fins, multicolores, tachetés, à rayures, argentés à écailles… pas assez de mots pour les décrire et partager la sensation d’être reliés à un autre monde que nous connaissons si peu, le monde aquatique. Et puis, vient les gros poissons, plus au large, force tranquille, ils sont également d’une rapidité et agilité redoutable.
Ce séjour est également marqué par la retrouvaille avec les bateaux copains et la navigation en flottille. Nous le pensions et nous l’expérimentons aux Roques, il est vraiment précieux de partager ces moments avec d’autres bateaux-famille. Le rythme s’harmonise, école le matin, exploration l’après-midi, navigation en flottille, barbecue sur la plage composé de la pêche du jour…

L’école et le boulot
La vie continue à bord. Vincent, accompagné des équipiers de passage, prend en main l’école. Le CE1 et le CM2 se clôturent. Parfois avec difficultés dans les apprentissages et la relation. Tout n’est pas rose tous les jours ! c’est comme à la maison !
Défis et enjeux permanents, continuer l’éducation, l’apprentissage et le savoir-être de nos enfants pour les rendre heureux, autonomes et conscients.
Emma a repris le boulot deux à trois demi-journées par semaine en proposant des bilans de compétences en visio. A bon entendeur. Si des personnes dans votre entourage ne sont plus en phase dans leur job, ont envie de clarifier leur vie professionnelle et d’initier un renouveau… je suis là pour les accompagner !

Caraïbes (5/7) : cyclone dévastateur

Fri, 25 Apr 2025 00:00:00 +0000

Une dolce vita caraïbéenne qui côtoie la dure réalité des habitants de Cariacou, Union, Bequia et d’autres îles des Grenadines qui ont été touchées de plein fouet l’an dernier par Beryl, cyclone dévastateur. Le rien côtoie le tout.
Tout ou presque a été détruit, les familles séparées, les canalisations d’eau, habitations et électricité cassées.
Les vacanciers dans leur catamaran tout confort se prélassent avec insouciance tandis que les locaux reconstruisent avec une énergie vitale et une foi dans l’avenir. Le contraste est vraiment dérangeant.
Et nous, nous sommes là à observer, pas plus engagés pour autant. À voyager cependant sur un temps long avec une relation, un état d’esprit peut être différent. À prendre conscience de ces grands paradoxes que nous vivons et qui nous habitent. À expliquer à nos enfants les paradoxes de ce monde qui est le nôtre.

Caraïbes (4/7) : l’arrivée de la famille et des copains

Mon, 21 Apr 2025 00:00:00 +0000

Les mois de mars et avril sont marqués par la venue de nos parents et de copains. Nous sommes si heureux de les embarquer, faire découvrir ces territoires, partager, se reconnecter aux amitiés. C’est bon !
Nous irons deux fois aux Grenadines en prenant des vacances dans notre vie-voyage. Les eaux turquoises, sessions de wing, apéro ti-punch, nage avec les tortues, barbecue de langoustes, baignades et discussions rythmerons ces deux séjours. Magique.
Merci de venir nous retrouver !

Caraïbes (3/7) : la Dominique, territoire nourricier

Tue, 04 Mar 2025 00:00:00 +0000

La Dominique nous régale de montagnes, cascades et terres nourricières. Nous y trouvons enfin des fruits et légumes locaux et une forte culture rasta avec son esprit d’indépendance authentique, l’ile n’ayant que peu intéressé les colons de par sa géographie peu propice aux cultures à grande échelle.
Aujourd’hui les Chinois investissent cette île qui est à un moment pivot dans son développement touristique. Aéroport international et resorts en contruction, hôpital et école cofinancés. On est heureux de découvrir cette île avant le grand chambardement. Un virage vers un éco tourisme aurait pu être choisi, départageant la Dominique des autres îles, dommage.
Notre séjour à Portsmouth, au nord de la Dominique est marqué par la rencontre de pleins de bateaux copains. Souvent de jolies soirées et aussi la construction de belles amitiés. Nous avons cependant parfois le sentiment d’être à contre-courant : une grande partie des bateaux-famille fait le tour de l’Atlantique en un an. Ils remontent vers le Nord alors que nous descendons vers le Sud. Et nous ressentons parfois un décalage dans la manière de consommer, de visiter, d’entrer en relation, de vivre le voyage. Et en même temps, chaque voyage est unique, parle de soi, de sa quête, de son moment de vie.

Caraïbes (2/7) : notre sentiment face aux inégalités

Thu, 30 Jan 2025 00:00:00 +0000

Je ne sais si nos regards ont évolué ou si nous sommes plus sensibles aux inégalités. Je suis choquée par la relation Noirs / Blancs.
Comme si l’histoire est passée, les lois ont changé, l’esclavage aboli et l’égalité proclamée. Et… comme si nous n’avions pas écouté, les cœurs n’ont pas eu l’autorisation de parler. La rancœur, le sentiment d’injustice et d’oppression sont encore présents. Il est vrai que c’est choquant.
De ce que nous avons compris dans les Antilles françaises, une poignée de familles de Blancs détiennent l’économie de l’île et le pouvoir de fixer les prix.

Notre passage à Antigua nous a également marqué.
D’un côté, la capitale Saint John, ville essentiellement peuplée de noirs où la musique fait vibrer la ville mais également la ganja à tous les coins de rue et l’alcool sur les trottoirs donne un air lugubre, triste et mélancolique.
De l’autre côté de l’île, English Harbourg, haut lieu du yachting anglais peuplé de blancs avec sa baie fortifiée et ses villas d’exception, où la marine a gagné plusieurs batailles contre la France, la Hollande, le Portugal, à l’époque des colons.
Deux mondes si différents, vivants côte à côte, l’un au service de l’autre. Le parallèle est choquant. Peut-être est-ce également dû à l’échelle du territoire qui a une superficie de 281 km2.

Les exemples comme celui-ci sont nombreux dans les îles. Saint Barth et ses milliardaires, Barbuda et la privatisation de sa plus belle péninsule pour un accès dédié uniquement à des richissimes occidentaux…

5 mois de voyage dans les caraïbes (1/7) : une arrivée outre-Atlantique en douceur : chaleur, couleur et abondance !

Wed, 15 Jan 2025 00:00:00 +0000

Une nouvelle page se tourne dans notre voyage autourtour des mers et des océans !
Ce témoignage a quelques facettes sombres, mais la Vie et le voyage que nous vivons depuis 2 ans ont bien entendu une majorité de part lumineuse et d’exception et également une part d’ombre ! A nous de les voir, de les traverser et les accepter. Ou pas !

Une arrivée outre-Atlantique en douceur : chaleur, couleur et abondance !

Nous venons de vivre 4 mois dans les Petites Antilles, à sillonner les îles françaises, anglaises, hollandaises et quand même quelques îles indépendantes sous influence américaine et maintenant chinoise.
4 mois à voir le paysage à la loupe, à ressentir plus que comprendre, l’influence du passé sur ces territoires insulaires généreux et abondants.
Dès la transat nous écoutons, tour à tour pendant nos quarts de nuit, un podcast en cinq épisodes sur Christophe Colomb. L’esprit d’explorateur qui se transforme au fur et à mesure en conquistador. Cette volonté de dominer et d’exploiter les ressources pour s’enrichir personnellement nous marque et lance des sujets à bord entre adultes et également avec les enfants !

Notre arrivée à Marie-Galante est marquée par la douceur de vivre, le rhum vieux et enfin la destination tant attendu d’Ambrito : le pays de la coco !
L’équipage de transat composé de Flavia, Kallisté et Romain, avec qui nous avons vécu une aventure humaine extraordinaire, un voyage dans le voyage, laisse la place à la famille qui nous rejoint à bord et à terre pour le nouvel an. Deux semaines de relâche, de petites nav’ côtières, de jeux, de retrouvailles… Une arrivée en douceur.

Pour moi, Emma, la Guadeloupe est synonyme de terre d’amour, de simplicité, de langoustes, de soleil, de mer. Mes parents y ont vécu deux années d’idylles lorsqu’ils avaient la vingtaine. Nos récits d’enfances sont marqués par ce paradis caraïbéens, planteur, punch coco, barbecue sur la plage. En trois mots, abondance, amour et liberté.

On découvre l’eau à 27°, les fonds marins riches de couleurs, de multiples poissons et d’une variété de coraux impressionnantes. Même si les coraux blanchissent et la biodiversité est menacée, nous restons impressionnés par la diversité, la couleur, la clarté des fonds. Tortues en veux-tu en voilà, raies, requins dormeurs, barracudas, lambics, étoiles de mer géantes, et surtout les cailles peuplées de poissons, de couleurs, gorgones et autres coraux. Certes les fonds sont abîmés mais lorsqu’on vient du vide des fonds aquatiques de certains coins de la Méditerranée, on est émerveillés de ces paysages vivants et lumineux.