Arrivée par le phare de la Méditerranée
Nous aurions voulu le faire exprès que les éléments ou autres excuses nous en auraient empêchés : nous arrivons pour l'anniversaire d'Éole à Stromboli, île la plus au nord de l'archipel des Éoliennes.
Notre navigation, de nuit, a été guidée par cette lueur rouge que le volcan offre aux marins depuis la nuit des temps avec ses éruptions régulières, toutes les dix-quinze minutes en ce moment. Nous l'apercevions alors que presque trente miles nous séparent encore de l'ile, bien avant d'en voir le phare moderne. Son surnom de "phare de la Méditerranée" est bien mérité.
Au petit matin, un vieux pêcheur à la grande barbe blanche et son neveu viennent nous proposer des gambari rosso, crevettes rouges locales fraichement pêchées dans les eaux cristallines, que nous ferons à la poêle avec une bonne pasta al dente, un régal !
Nous passons le soir des 9 ans d'Éole en mer au pied du Stromboli à compter autant d'éruptions que d'années de notre grand moussaillon. La féérie de dame Nature nous laisse rêveur, les yeux des enfants, et les nôtres, pétillent.
À chaque île son identité
Si toutes les 7 îles Éoliennes sont d'origine volcaniques, chacune a son identité qui s'est affinée au fil du temps. Stromboli a son minuscule village a ses pieds, comme posé là en attendant qu'une prochaine grosse éruption pousse ses habitants à reconstruire une énième fois leurs maisons.
Nous passons rapidement ensuite par Panarea, avec ses yachts et son ambiance jet set qui ne nous retient pas longtemps si ce n'est le temps d'un pique-nique nocturne sur la place de l'église, au calme des bars animés.
Passage par Lipari, tournée plus vers le tourisme de grande masse, mais qui a su garder son charme malgré tout.
Retour d'expérience
Certaines familles nous relatent leurs difficultés à faire participer les enfants aux manœuvres de bord, nous nous devons parfois les freiner devant leur entrain.
Lorsque nous nous préparons pour une manœuvre de port ou de mouillage, nous sommes toujours vigilants à ce qu'aucun bout ne traine à l'eau, de peur qu'il ne se prenne dans l'hélice. Ce qui pourrait à l'extrême résulter en une voie d'eau, le bout abimant la bague qui fait étanchéité de l'arbre du moteur. Bref, en arrivant à Lipari, nous raccourcissons le bout de l'annexe à l'arrière pour mouiller. Vient ensuite, avant d'éteindre le moteur, un temps d'observation de la tenue du mouillage. Nous décidons de remouiller et là, gros bruit du moteur, on a peine le temps réaliser que le bout s'est pris dans l'hélice ! Entre temps, un de nos moussaillons avait pris l'initiative de relâcher l'annexe, pensant que la manœuvre était terminée...
Pas de voie d'eau mais une hélice endommagée dont on verra plus tard si conséquences il y a
Note pour plus tard : pour une manœuvre au moteur, raccourcir le bout de l'annexe, vérifier qu'il n'y en a pas d'autre à l'eau et briefer les enfants sur le fait que toute manœuvre n'est pas terminée tant que le moteur est en marche...
Direction ensuite Filicudi
Beaucoup plus simple et calme, davantage à notre gout. Filicudi est plus petite aussi. Le temps est à la canicule, nous y resterons quatre ou cinq jours immobiles, à siester les après-midi, tentant de nous rafraîchir dans une eau à plus de 30°C... Nous voulions initialement aller sur la côte nord de la Sicile mais la pétole et la chaleur nous font renoncer. Nous ferons d'ailleurs connaissance avec le sirocco quelques jours plus tard, qui fera descendre l'hydrométrie à moins de 20% d'humidité (habituellement autour de 60-70%) et rendra toutes les pièces métalliques de Zou Maï brulantes au toucher !
Il se trouve que nos copains, la famille St Girons, nous avaient dit passer une partie de l'été dans les Éoliennes. Nous pensions à l'époque être bien plus à l'Est à cette période et les rater. Mais notre temps de voyage s'est naturellement étiré pour faire que nos chemins puissent se croiser. Nous sommes ravis de le revoir à Salina, dans cet endroit dont ils nous parlent depuis longtemps comme étant leur refuge estival depuis plusieurs années. Les enfants se retrouvent, se racontent leur Vie pendant que les parents font de même. Le temps s'arrête ici, pour nous laisser nous délecter de ces retrouvailles imprévues.
Mais le vent écourte cette escale. Nous avions mouillé Zou Maï au pied du village, sur un fond rocailleux d'une tenue moyenne, laissant les enfants dormir chez Jeanne & Matthieu. Mais notre deuxième nuit voit un vent fort se lever. A quatre heures du matin Emma et moi sommes réveillés et faisons vite le constat que nous devons bouger, a priori pour une autre île mieux abrités. Mais... nous n'avons pas nos enfants ! Nous patientons alors six heures du matin pour aller les kidnapper en réveillant les copains pour leur dire un au revoir à la volée alors que nous prévoyions de passer encore une journée à naviguer ensemble... Ainsi va la Vie au rythme des éléments.
Nous trouvons refuge à l'Est de Lipari, où nous retrouvons Antoine qui remonte depuis Malte son magnifique ketch en bois l'Hermitage vers Marseille. La mer est grande mais les routes des marins se croisent...
La houle nous chasse cette fois. Nous quittons Lipari pour Milazzo sur la côte nord sicilienne mais nous nous déroutons pour le sud de Vulcano, davantage protégé. Le hasard fait que nous mouillons là où 2 ans auparavant je me trouvais avec mes compères Raph, Sam et Steph à bord de En Kaval pour une semaine en musique (Steph aux platines) et gustative (Raph & Sam en cuisine), agrémenté de bons restos dont celui qui se trouve devant notre mouillage. Resto familial, cuisine extra, au faible nombre de tables. Nous n'avions évidemment pas réservé, je me fais refouler un première fois avant qu'Emma n'essaie à son tour avec succès : un régal nous attend à la même table dressée devant la mer que celle que nous avions trouvée il y 2 ans !
Nous lorgnons maintenant une bonne fenêtre météo pour passer le fameux détroit de Messine. Fameux car sa réputation s'est forgés au fil du temps, notamment au grès des naufrages qui s'y sont déroulés. Les vents peuvent y être violents du fait de sa géométrie étroite, conjugués à des courants parfois contraires du fait des différences de marées que l'on ressent ici entre la mer Tyrrhénienne au nord et la mer Ionienne au sud. Peuvent se créer alors des tourbillons, rafales et vagues soudaines dont témoignent les épaves sur notre carte ! Nos conditions météo sont plutôt bonnes mais nous sommes vigilants. Tellement vigilant que nous faisons demi-tour après notre premier départ depuis Vulcano devant une houle formée. Notre seconde tentative quelques heures plus tard sera la bonne : nous passons Messine avec 10-15 nœuds de vent dans une mer calme.
Vincent
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