Passage en France, une faille spatio-temporelle !
Après 6 mois en mer, sur l’eau, en famille, à vivre au gré de la météo, du vent, de la navigation, de nos envies et du rythme de la famille, me voici de retour en France pour 2 semaines en solo. Quel changement !
Après un bref passage à Paris pour revoir famille et amis, me voici à Marseille dans un appart tout confort à dormir dans un lit douillet, à vivre à mon rythme uniquement, à faire le plein de copains, gérer quelques soucis dentaires et retrouver le Silence, si précieux, que nous n’avons que si peu avec l’énergie débordante de nos deux petits loustics. Et également retrouver Marseille, mon vélo et du boulot. Je suis rentrée pour une presta alliant coaching et navigation, en embarquant 25 entrepreneures africaines en bootcamp à Marseille pour une journée autour de la thématique « voile et leadership », ou comment apprendre de l’expérience de la navigation en équipage pour s'en servir dans son activité, la collaboration avec son équipe et sa posture de leader alliant confiance et adaptabilité. Et, et bien entendu retrouver Make it, la directrice, les équipes, les makers, le lieu après 6 mois de pilotage à distance. Tout un programme.
Deux choses me marquent particulièrement
Mon lien au sommeil.
Il est vrai que le sommeil à bord n’est pas du tout le même qu’à terre. Je me demandais si j’avais changé et si je ne savais plus dormir d’une traite ou bien si c’est juste qu’en mer on n’a pas du tout le même rapport au sommeil. On reste toujours aux aguets. Même si on est confiant dans son mouillage, on reste tout de même vigilant et dans un sommeil semi profond. Chaque bruit me réveille et il est bien rare que je ne me lève pas au moins une fois par nuit pour jeter un œil à l’extérieur, entendre une brise qui se lève ou une renverse de vent qui fasse tourner le voilier. On est complètement connecté aux éléments, de jour comme de nuit, pour le meilleur et pour le pire ! Qu’il est doux de dormir sur ses deux oreilles et faire des nuits complètes sans se réveiller une seule fois.
Mon rapport au temps
Il est une chose de partir, se mettre dans le rythme du voyage, s’habituer à un tempo plus doux, lâcher au fur et à mesure les soucis du quotidien, les enjeux pros. Cela prend un moment de se mettre dans un nouveau mouvement, de prendre le temps, d’avoir le temps, des journées et journées entières avec les enfants, des navigations, de prendre le temps le matin, avec un rythme et des activités scolaire notamment mais dans un temps plus lent où l’on vit globalement à la vitesse de la navigation, au maximum 9,9 nœuds (record de vitesse de Zou Maï), soit 18km / heure !
Il en est une autre de revenir en avion et retomber du jour au lendemain dans la frénésie de la vie parisienne (et marseillaise), du métro, l’afflux de personne, de la vie active, des enfants qui reviennent tard de l’école, bain, dîner, mini-jeu, dodo et de repartir dare-dare le lendemain matin pour une journée de taf, les urgences pros, gérer les gouters, les sacs avec les activités extra-scolaire, les copains, les sollicitations extérieures…
Mon premier sentiment a été de me dire « mais ils sont fous », mais nous sommes compétemment fous de vivre dans une société qui va à 100km/ heure, pourquoi ? pourquoi ? qu’est-ce qu’on recherche ? est-ce vraiment cela la réussite, le bonheur ? comment est-ce qu’on se crée une vie de qualité ?
Et puis, ironie du sort, 3 jours plus tard, je me revois partir à la dernière minute pour un rendez-vous, me faire prendre par des contraintes admin que je n’avais pas gérée et prendre du retard sur un travail à rendre, vouloir voir tous les copains et blinder mon agenda. Bref retrouver un rythme qui va à 1000 à l’heure, et aimer cela ! Me sentir vivante, en lien avec le monde extérieur, avec les énergies du moment. Ma limite a été de ne pas accepter un rendez-vous dans un café à 7h30 avec une copine car on ne trouvait pas d’autres créneaux… Alors, je ne sais pas exactement comment et pourquoi j’ai, on a tendance à remplir et accélérer le rythme. Mais, il me paraît essentiel de savoir dire non, se positionner pour savoir ce qui est juste pour soi et de régulièrement prendre le temps et le recul sur notre vie pour observer et ajuster son tempo. La mélodie que je vis est-elle juste ? Répond-elle à mes besoins, mes envies du moment ? Qu’est-ce que je peux faire ou mettre en place pour m’ajuster ?
Ça vous parle ? Curieuse d’avoir vos retours sur votre rapport au temps !
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