Un jour Emma m'a dit : "pourquoi tu n'écris pas dessus, ça t'apaisera peut être !". Alors voilà. Un peu timide de partager mes réflexions j'avoue.
Je nous ai toujours trouvés, notre petite famille, faisant partie des privilégiés, avec notre mode de Vie que je qualifie souvent de "luxe". Mais "tout est relatif" comme me l'avait dit justement ma professeure d'anglais au collège...
Ça n'est pas la première fois que nous croisons des yachts au cours de nos navigations et mouillages. Toujours plus grands, avec toujours plus de "jouets" qui flottent à leur poupe (je parle de jets ski, de piscines flottantes, de toboggans gonflables de 10m de haut et j'en passe). J'en connais deux à bord qui bavent pas mal à la vue de tout ça d'ailleurs : "Moi, quand je serai grand, j'aurais un bateau à moteur !" nous lance Ambre excité devant la vitesse des engins.
Nous les croisons parfois à la pompe à essence grand débit à faire des pleins de 3000, 4000L pour les plus petits d'entre eux, rassemblés dans la baie de Cannes pour le festival, puis disparaissant tous le même jour pour enchainer sur le grand prix de Monaco, créant une mer hachée aux alentours de St Tropez ou encore agrippés aux falaises de Capri.
Alors qu'est ce qui me travaille, en fait ?
Je ne pense pas que ce ne soit de l'envie ou de la jalousie, ce que je qualifie de nos "petits luxes" est bien souvent sans valeur pécuniaire.
Symptômes de notre société
Ce que je vois au travers de ces yachts, ce sont les symptômes de notre société.
- Symptôme d'une société ou les écarts de richesse se creusent. Les ventes de ces unités ont bondi depuis le confinement avec des tailles allant toujours plus grandes. Nous le savions déjà, mais peut-être y sommes-nous davantage confrontés sur l'eau, où l'on côtoie de plus près une population qui parait plus discrète ou inaccessible à Terre. Comment (et pourquoi) un bateau de plusieurs centaines de millions d'euros appartient-il à une seule personne ? Notre société se polarise, les écarts de richesse s'agrandissent. Un ami me disait un jour que c'était les premiers signes d'une société en déclin. Comme l'ont été en leur temps celles des Romains ou des Mayas. Une société qui a ses habitants qui se parlent de moins en moins, se comprennent de plus en plus mal est peut être une société qui fonctionne de moins en moins bien. A l'échelle de je ne sais combien de générations bien entendu.
Mais encore.
- Symptôme d'une société en quête de sens. A quel besoin répondent ces immeubles flottants ? Que réalise-t'on avec un objet que l'on utilise une ou deux semaines par an ? Je me pose parfois la question de la nature des rêves de ces heureux possesseurs.
- J'avoue en fait et surtout m'attrister devant une telle déconnexion avec le monde qui nous entoure, avec ses enjeux écologiques et humains. Serais-je devenu éco-anxieux ? Comme le témoin d'un monde qui nous fait vivre dont on ne prend pas soin. Si on ne veut pas le faire pour les autres espèces animales ou végétales, faisons-le a minima pour cette espèce qui a pris le dessus sur les autres, l'espèce humaine.
Je ne parle pas de révolutionner le monde (quoi qu'avec la valeur de ces bateaux, beaucoup de belles initiatives pourraient être propulsées), mais déjà d'y vivre en conscience. Avec un peu d'humilité.
Vincent
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