C’est avec une grande joie, un bonheur insensé que nous reprenons les flots. Après près de cinq mois à terre et plus d’un mois de chantier exigeant, de vie à Leros, à terre, dans un appartement… que je retrouve l’énergie de le Mer ! Le vent, les eaux, la vie à bord, exigeante et en même temps tellement intense et belle.
Notre programme jusqu’à l’été est calé. Quatre mois de navigation ponctués par la venue d’amis et de famille à bord. Nous avons adapté notre plan de navigation aux agendas des arrivées et départs de chacun pour partager notre expérience et vivre entourés d’amis et de copains pour les enfants.
Welcome on board
Les trois semaines où nous accueillons des familles à bord sont superbes. Heureux de vivre ensemble au quotidien, que les enfants puissent jouer à volonté, découvrir des manières de faire et réagir différemment de nous, partager ou faire découvrir la navigation. Tellement riche de partager tout cela, le temps lent, l’espace restreint, la vie de bord, ses exigences et sa liberté.
- Lorraine et Bruno et leur deux loulous (3 et 5 ans), marins et supers équipiers où nous avons une semaine musclée et il fait bon être amariné. Il est très agréable de partager les questions de navigation et qu’ils aient les bons gestes tant en nav’ que dans la vie de bord. Cyclistes aventuriers, ils nous racontent les anecdotes et petites histoires de leur vie à vélo : un ans et demi à traverser l’Amérique en pédalant entre le Canada et la Patagonie. Chapeau !
- Marie et Antoine et leurs deux loulous aussi (4 et 7 ans). Nous faisons le tour de Kalymnos en quatre jours. Les premiers bords sont sportifs, l’ambiance festive, les kids sont à fond… tellement chouette ! Leur cadeau de départ nous a bien servi, elle est pédiatre, lui chirurgien. Nous avions fait un week-end formation avec eux avant notre départ pour se poser les bonnes questions et poser un diagnostic médical d’un côté et voir tout ce qui concerne la partie traumatologie, suture, brulure. A J+2 après notre retour en mer, Éole s’est entaillé le genou alors que nous étions à l’abri d’une île peuplée que de biquettes avec 30nds de vent établi. Ni une, ni deux, nous appelons mon papa, reprenons nos notes et nous nous improvisons infirmiers : nettoyage, anesthésie, champ stérile et suture ! Plus de peur que de mal, heureusement que nous avions le matériel. Merci les amis !
- Marie, Disco et leur trois minettes (9, 12 et 14 ans). Ils sont français et habitent à Londres depuis… 18 ans ? Elles sont so English !
Supers conditions de nav’, heureusement car c’est leur première semaine embarquée et que nous sommes neuf à bord avec grands enfants et ados. On atteint les limites d’accueil confortable du bateau. On adore le mix d’âge, de sexe, de culture, de langue, de caractère. C’est même étonnant comme les enfants s’entendent. Les duos se forment et se reforment en fonction des moments de la journée, des envies et caractères de chacun.
Ce qui est commun à l’accueil des potes à bord : la légèreté, les rigolades, les temps de tchatche, le partage, la découverte, la musique, les apéros baignade… la vie est douce et rayonnante. C’est aussi une chance pour apprendre de chacun, comme un miroir de nos quotidiens.
Et puis nous accueillons Nadine, pour dix jours à bord, grand-mère des enfants et maman de Vincent, elle embarque pour sa première croisière à plus de 70 ans. Et, elle s’adapte merveilleusement bien avec plus de 100MN de Rhodes à la Crète et des vents jusqu’à 40nds ! Elle nous allège en s’impliquant dans les temps d’école à bord avec les enfants. Quel plaisir de se retrouver après un an de distance.
Cabotage dans le Dodécanèse
L’accueil des proches a pris le dessus sur un plan de nav’ bien défini et nous explorons les îles du Dodécanèse au gré des arrivées & départs et conditions météo. Deux mois à découvrir les îles, monuments historiques et sites naturels magnifiques.
Leros, QG technique de Zou Maï, avec ses pro et les retrouvailles toujours aussi sympa de nos copains des mers Valérie et Alain.
Kalymnos et ses spots de grimpe d’exception.
Tilos qui nous protégera deux fois de gros coup de vent.
Ikaria, île où vivent les centenaires de l’Europe et où l’on profite de ses sources chaudes dans la mer.
Patmos et son monastère magnifique, île spirituelle et lieu de pèlerinage, St Jean a eu une révélation dans une grotte et y a écrit le livre de l’Apocalypse.
Lipsi et la rencontre avec la famille grecque dont le fils est pope avec qui nous partageons ouzo et mezzés.
Et puis, Simy, la magique, la magnifique, coup de cœur des îles avec ses maisons colorées héritées du passage des Italiens et la majestueuse calanque de Peddi. On y retournera 3 fois et y rencontrons Michelle et Bernard, couple français octogénaire, ayant vécu pendant 20 saisons à sillonner les îles accompagnés de clients.
Rhodes et sa citadelle fortifiée grecque, ottoman, vénitienne, témoin du passage des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui s’y établirent au début du XIVe siècle.
La Crète où nous retrouvons nos copains israélo-danois que nous avions rencontrés l’an dernier. Ils vivent à bord et viennent d’avoir leur petite Suryana, née à bord dans leur super maramou ! Coup de cœur également pour la ville de Chania (La Canée) avec son port naturel et son association alternative Rosa negra qui lutte pour protéger un magnifique bâtiment en centre-ville d’un énième projet immobilier à visées touristiques.
Nous continuons vers le Péloponnèse où nous allons accueillir Théophile, cousin de 22 ans, pendant 3 semaines. Il nous accompagne jusqu’à Bizerte en Tunisie où nous laissons Zou Maï pour l’été afin de profiter du mois d’août pour revenir en France.
Les sujets qui nous prennent du temps et de l’énergie
L’éducation et l’école à bord
Que c’est compliqué et difficile d’instruire ses enfants avec douceur, constance et fun ! Cette année scolaire, nous avons fait le choix d’acheter des livres scolaires et de s’occuper nous même du programme en restant focus sur les matières académiques : maths, français, anglais pour Éole, lecture, écriture et maths pour Ambre. Le reste, sciences, arts plastiques, histoire géo, éducation civique… se fait au quotidien dans la vie de nomade des mers, des rencontres des excursions à bord et de la navigation.
Nous nous questionnons pour l’an prochain. Suivre un cours à distance, free school, école à bord en préparant mieux nos cours… Sujet en cours de réflexion.
L’entretien et la réparation de Zou Maï
Zouzou continue inlassablement de demander à ce que nous prenions soin de lui. Vieille dame dirait-on en anglais, elle nécessite de la vigilance, de l’attention, des compétences, du temps pour que le bateau fonctionne. Et la majeure partie du temps, chaque pet est de l’ordre de la sécurité : pompe de cale bouchée, problème d’alternateur pour démarrer le moteur, drisse de trinquette qui lâche, support barre du pilote fêlé dessoudé.
Le temps nécessaire au bricolage et à l’entretien du bateau fait vraiment partie de l’aventure d’un voyage au long cours en mer et les échanges avec les autres voiliers croisés confirme que cet entretien fréquent est le lot de tout marin.
La météo et la navigation, une histoire technique et également humaine
Où va-t-on ? quand ? comment ? quelle voile ? quand réduire ? qui fait et comment faisons-nous nos choix ? Quelles sont les envies et les limites de chacun ?
Pas facile de toujours s’accorder et d’être synchro. Comment communiquer ? Comment répondre de manière juste aux envies des enfants afin qu’ils prennent part à la navigation en toute sécurité, sans les brider ?
Toute une série de question à laquelle nous n’avons pas forcément les bonnes réponses et auxquelles nous nous confrontons au quotidien. Alors, on teste, on se plante, parfois avec rires, cris ou larmes, on s’ajuste et on s’adapte !
Le travail
Notre modèle économique pour un voyage à durée indéterminé nécessite de mettre de l’énergie dans nos ressources. Location de la maison, pilotage de Make it, coaching à distance et autres missions en back office pour que cela soit à l’équilibre et que l’argent ne soit pas le facteur de retour.
Trouver des solutions, avoir une vie à la hauteur de nos ressources, charge mentale que tout le monde connaît avec plus ou moins d’intensité en fonction des périodes de vie.
Et la Grèce dans tout ça ?
Arrivés en aout 2023 on y est resté presque un an avec une pause de deux mois et demi en Turquie. Ce n’est pas rien ! C’est un terrain de jeu idéal pour naviguer : des îles, des mouillages, au sein l’UE, confort non négligeable, alors on y est un peu comme chez nous.
Des grecques tellement gentils et accueillants.
Et aussi, voir toute cette industrie de tourisme de masse si pauvre humainement, les thématiques complexes de migration, la pauvreté des sols et des mers, le plastique à gogo…
On part en se disant qu’on y reviendra, … plus tard, pour découvrir encore et encore ces 3000 îles… et que nous sommes également heureux de continuer le voyage à la recherche de dépaysement et de découverte de contrées plus exotiques ! Ce que l’on touche déjà du doigt en arrivant à Bizerte, en Tunisie... Un régal !
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