Après une brève hésitation (enchainer les trajets pour rejoindre Cartagena, ou se reposer à notre arrivée à Santa Marta), notre choix est fait : nous sautons dans un bus pour Cartagena, la traversée sur Sea Dog nous ayant requinqués.
Ça y est, nous voilà de nouveau terriens. Les souvenirs de nos voyages passés avec sacs à dos sur le dos refont surface, nous sommes ravis ! Il est vrai que depuis que nous nous sommes installés à Marseille en 2013, nous explorons plutôt les paysages français que nous ne prenons l’avion pour d’autres contrées exotiques.
Cartagena de Indias résonne comme une des villes mythiques pour nous, marins que nous sommes devenus avec le temps. Porte de l’Amérique du Sud créée en 1533 par les Espagnols, elle porte aussi dans ses gènes le sang des Indiens qui n’ont pu lutter contre l’invasion des conquistadors en quête de l’or alors tant convoité. Les caraïbes ont cette dualité omniprésente : lieux paradisiaques d’un côté, histoire chargée de l’autre. A nous de découvrir ces lieux, en conscience.
Le musée naval relate fièrement la bataille de 1741 : les anglais voulaient mettre un terme au monopole hispanique sur les richesses du continent. En large suprématie numéraire tant en terme de soldats que de navires, ils s’emparent facilement de Porto Bello (actuelle Panama), premier des quatre ports principaux espagnols. Ils arrivent alors aux portes des remparts de Carthagène, sûrs de leur victoire. Mais le siège de la ville s’éternise et, surtout, la saison des pluies débute. La malaria et la fièvre jaune déciment la moitié des troupes britanniques qui finissent par battre retraite. Les colombiens se plaisent aujourd’hui à dire qu’une issue contraire aurait abouti à ce que l’on parle aujourd’hui anglais plutôt qu’espagnol dans presque toute l’Amérique du Sud !
Le centre historique est magnifique, peuplé de demeures aux balcons typiques ornant les façades colorées. Chacune porte encore la trace des familles à qui elles appartenaient, reconnaissable à leur heurtoir, symbole de leur classe sociale : poisson ou sirène pour les marchands, lézard pour les militaires, lion pour la caste royale ou encore hibou pour les savants.
Getsemani, le quartier voisin, abritait encore jusqu’à peu les ouvriers. Il est devenu le lieu en vogue pour boire un verre le soir dans les rues aux murs peints de portraits plus colorés les uns que les autres. Nous y posons nos valises. Les marchands ambulants nous régalent les matins de fruits, puis plus tard dans la journée, de grillades et autres arepas.
Ce seront nos premiers pas en Colombie…
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