Même si notre première expérience en Turquie nous avait fait voyager plus qu'espéré, nous souhaitions en découvrir davantage par nous-même... Une idée me vient, que je partage à Emma : "et si on trouvait un van pour sillonner les routes turques ? On aurait plus de liberté qu'en bus & hôtels..." Un peu comme en bateau en fait, mais, sur la route !
Qui ne tente rien n'a rien. J'en parle à Guvenç, notre hôte de Guzelgah, on ne sait jamais s'il avait un ami qui... justement ! Emilé & Coşkun, un couple d'amis musiciens que nous avons déjà croisés, vivent depuis quatre ans dans leur camion avec leur petite fille. Mais ils passent cet hiver dans une maison. Nous leur proposons de le leur louer pour quinze jours, ils acceptent !
Et là, je dis à Emma : "Génial, on a vraiment de la chance ! Sauf que le hic avec le van c'est que la navigation que l'on adore en mer, se passe... sur la route." Et ça, on est beaucoup moins fans tous les deux ! D'autant plus qu'Emma m'annonce après l'avoir vu ne pas être très chaude pour conduire l'engin... On n'ira peut-être pas aussi loin qu'imaginé initialement. On verra bien.
Emilé & Coşkun ont aménagé leur van comme un vrai petit nid, avec du bois, de la couleur et les petits détails qui font que l'on s'y sent tout de suite bien. Bon, il est prévu pour trois, pas quatre, alors les garçons se relaieront pour être derrière pendant les trajets, Ambre dormira par terre sur des coussins et moi je ferai de l'origami avec mes jambes chaque nuit !
Direction la Cappadoce
Tout le monde nous avait prévenus : le froid serait au rendez-vous. Mais son amie la neige nous attendait au coin de la route. Les premiers flocons de l'année. Nous arrivons au milieu de ces cheminées de fées et autres maisons troglodytes, sous un léger duvet blanc, tout juste tombé la nuit passée. Grandiose. Les hommes se sont réfugiés ici depuis la nuit des temps, creusant d'abord cavernes, puis maisons, qui deviendront ensuite de véritables citées souterraines. Les premiers Chrétiens, après la visite de Saint Paul, y trouvèrent refuge. Entre le VIe et le XIIIe siècle, des dizaines de petites églises et de chapelles furent creusées dans le tuf, parfois regroupées en monastères et couvents logés au cœur de la pierre. Nous en découvrons une partie avec émerveillement.
Sur notre chemin, d'autres monuments nous plongent dans un autre pan de l'Histoire. Nous sommes sur la route de la soie, dont les caravansérails jonchent le chemin depuis le XIIe siècle. Véritables refuges pour les caravanes qui voyageaient la nuit pour se protéger de la chaleur. Elles transportaient pierres et métaux précieux, tissus de laine et de lin, épices, verre, porcelaine, et bien évidemment le plus précieux textile. Toujours fortifiés, ils comportaient des écuries pour le repos des bêtes, des magasins pour les marchandises et des chambres pour les gens de passage.
Sur les routes d'Anatolie centrale
Nous continuons notre voyage à terre au milieu des étendues rases à perte de vue où seules quelques collines viennent accrocher notre regard sous de beaux ciels d'hiver. L'heure est à la contemplation. Sur notre route, les turcs nous accueillent toujours aussi chaleureusement. Nous savourons nos haltes hors des sentiers battus à la recherche des cafés typiques peuplés uniquement d'hommes, souvent agés, buvant leur çay (thé) autour d'une partie de Okey, dont les pièces ressemblent au Rummikub que nous connaissons. Nous en ferons quelques parties sous leurs regards amusés.
Le hasard d'une panne de chauffage nous fait nous arrêter dans une ancienne ville touristiques que la construction d'un pont a fait tomber dans l'oubli. Les devantures des magasins sont faites de boiseries, nous déambulons dans les ruelles piétonnes.
Retour vers un sud plus clément
Nous décidons de passer par Pamukkale sur notre retour, ancienne cité thermale appréciée des Romains avant que plusieurs séismes dissuadent les habitants d'y reconstruire leur ville. Les eaux chaudes, chargées en calcaire, se déversent ici depuis des siècles pour créer vasques et ruisseaux d'une blancheur éclatante qui attirent aujourd'hui des touristes du monde entier. Nous nous y arrêtons mais y préférons les sources chaudes de Köyceğiz, qui n'ont rien de majestueuses, mais où l'ambiance familiale nous fait peut-être gouter à sa façon à la flânerie que connaissaient les Romains en leur temps.
Nous cloturons notre voyage en van dans la famille de AyşeNur (de Guzelgah) avec qui nous passons une soirée aux sons des saz qui nous enivrent et nous donnent l'envie de partir plus à l'Est, à la découverte de ces pays aux mille et une légendes qui libèrent notre imaginaire.
A suivre, nous y arriverons peut-être un jour... l'heure est maintenant au retour vers la Grèce !
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