Guzelgah

« We wished to find a place to stay a while during the winter, you welcomed all four of us for two monthes,

We wished to meet Turkish people to know a bit more about your country, you allowed us to meet Turkish, Iranian, American, Paletinian, English, German, Italian, Austrian people,

We wished to be connected to Nature, you offered to us a tent among birds wistling every mornings,

We wished to listen to more accoustric music, you organized three days and three nights of non-stop Sema with so talented musicians,

We wished to continue our quest for sacred places and experiences, you opened your doors of deep Sufism so generously,
We wished to find a place for kids, our two sons don’t want to leave anymore Guzelgah » (extrait du mot laissé dans le livre d'or du lieu)



Nous y voilà ! Après quelques ferries et bus pour les garçons et moi, un passage par la France pour Emma, nous posons nos valises à terre, a priori pour un bout de temps. Nous y resterons deux mois !
Les raisons qui nous ont menés ici seront non seulement confortées mais ce lieu nous réservera de belles surprises…



Guzelgah ?

« Guzelgah » est un jeu de mot en turc qui vient de guzel (belle) & gah (destination). Et, oui, nous sommes bien arrivés dans une sacrée belle destination. Cela sonne aussi à nos oreilles comme le nom d’une station de train qui pourrait s’appeler Guzel-gare. On y vient, on y reste, on en repart, ou pas.

Guzelgah est tout d’abord un lieu dont Ezgi et Guvenç sont à l’initiative. Depuis quelques années maintenant ce couple souhaite vivre en communauté. Ils s’en rapprochent au gré des lieux dont ils prennent la clef pour quelques années.
Après un passage à Istanbul, le couple a migré vers la région de Fethiye avec l’arrivée de leur fils John, âgé de 8 ans maintenant.


Guzelgah est un lieu en pleine nature, dont les terrasses sont plantées d’oliviers, entouré de forêt, paradis des oiseaux que côtoient poules, ânesse, chiens et chats. Guzelgah est un lieu qui se veut tourné vers les enfants, avec des ateliers proposés chaque semaine pour ceux qui y habitent et ouvert aux autres des villages environnants.

Guzelgah est un lieu où la musique est centrale, avec sa yourte dédiée et ses jeudis soir où amis musiciens nous rejoignent avec leurs sazs, luth et autres bendirs. Mais nous découvrirons petit à petit que la musique est ici un canal pour se rapprocher du divin, au travers de poèmes perses chantés et de la Sema, danse quasi transe où l’on tourne sur soi-même une main vers les cieux, l’autre vers la terre, pour se détacher et mieux se relier. Ezgi et Guvenç nous ouvrent généreusement les portes du soufisme, nous y reviendrons.


Lieu de rencontres

Guzelgah est évidemment un lieu de rencontres où nous voyageons au gré des discussions avec chacun. Voici pour l’illustrer un rapide aperçu des différentes personnes que l’on y a croisées au gré de leurs arrivées et départs et qui ont rythmé la Vie de ce lieu :

- Ezgi & Guvenç et leur fils John, nos hôtes turques cités plus haut. Elle est art-thérapeute et lui vidéo maker. Guzelgah est un choix, le soufisme un art de vivre dont ils tentent modestement de se rapprocher chaque jour.

- AyşeNur, jeune femme, turque également, qui a rejoint l’aventure il y a un an et demi pour y vivre de manière permanente et espérer y voir se concrétiser ses rêves d’éco lieu centré autour de l’éducation en mode école libre

- Caroline & Isso, elle est luthière autrichienne, lui tailleur, turque, joueur de saz. Ils vivent ici depuis un an et demi et viennent de nous partager leurs fiançailles !

- Aleleh & Mehdi, couple d’amis iraniens de Ezgi & Guvenç rencontrés lors d'un Rainbow gathering. Ils se sont délaissés de leur passé de créatrice joaillière et d’électronicien pour voyager léger avec pour tout atelier une trousse d’outils leur permettant de réaliser de superbes guimbardes. Tous deux sont de magnifiques musiciens et chanteurs. Nous percevrons aussi de plus près la situation de leur pays, où l’interdit est omniprésent et où vivre en tant que femme est un combat.

- Ethya & Muktar et leurs deux enfants. Elle est germano turque, lui iranien, et vivent en Allemagne. Amis de passage arrivés en camping-car, ils sillonnent les routes au gré des festivals où ils vendent les instruments qu’ils confectionnent et autres créations. Ethya et Muktar nous enivrerons de leurs duos au sitar.

- Elisa et sa fille Aya arrivés ici comme nous via Workaway (plateforme de rencontre d’hôtes et de volontaires où le gite et le couvert est souvent offert en échange d’une aide ou travail). Elisa est une jeune maman anglaise qui a passé une grande partie de sa vie en voyage avec ses propres parents. Elle a repris elle-même la route depuis que sa fille a quatre ans, en Europe d’abord, puis Turquie avec nous, avant de repartir pour l’Inde puis l’Indonésie l’été prochain.

- Fabi, jeune allemand d’une vingtaine d’année qui est arrivé ici à vélo depuis l’Allemagne ! Workaway également

- Matteo, jeune italien baroudeur qui vient d’atteindre son premier objectif de parler cinq langues qu’il s’était fixé il y a quelques années. Son prochain « five year plan » est de mettre un pied sur chaque continent au gré de ses voyages, joli programme. Workaway également

- Elisa & Issem, elle est américaine, lui palestinien. Couple (anti) symbole d’une triste actualité que l’on voudrait pouvoir arrêter

- Enfin, les voisins de Guzelgah sont les luthiers de l’atelier de saz Isik Kapisi, regroupés autour de leur maitre Isik. Ici la doctrine se résume en : « je travaille, je joue du saz ou je prie ». Eole finira par y aller presque chaque jour pour poncer, nettoyer, jouer du saz. Il est leur plus jeune çiraq (apprenti) !








Lieu d’enfants

Nous sommes arrivés à Guzelgah notamment de par sa vocation à accueillir les enfants et proposer un modèle d’éducation différent de la voie classique, proche de l’école libre. Évidemment, cela nous a questionné dans notre manière de faire, qui pourrait paraitre déjà assez légère pour certains. Nous nous sommes en effet concentrés sur l’apprentissage de l’écriture, la lecture et les maths pour Ambre, l’écriture, le français et les maths pour Éole (il dévore les livres depuis que la fille de nos copains Anne & Vince a oublié le sien à bord cet été), à raison d’environ deux heures par jour, quatre jours par semaine.

Initialement des ateliers pour enfants étaient organisés chaque mercredi (cours d’anglais) et dimanche (ateliers manuels ou arts plastiques), rythme qui s’est effiloché avec le temps.

Cependant, nous voyons nos deux loustics naviguer d’une occupation à l’autre, progressant en anglais à grande vitesse, avec quelques emmêlages de pinceaux parfois : « Vous vous parlez en anglais ou en English avec les copains ? » nous demande Ambre. Ou encore : « Et ça c’est du Turkish ou de l’English ? ». Ils apprennent à tricoter avec AyşeNur, viennent bricoler avec d’autres, tailler arcs et flèches, aider Isso à couper du bois, s’occuper des poules et de Seher l’ânesse, ou encore cuisiner pour les repas du soir. Pas de doute, ils s’imprègnent, apprennent et évoluent grandement ici.

Nous nous délectons d’une des grandes forces d’un lieu communautaire, où les enfants gravitent d’une personne à une autre, où chacun contribue à leur éducation en fonction de ses savoir-faire et prend parfois aussi le relais des parents.









Lieu communautaire

Accueillir des workaway était un essai pour lequel nous avons été les premiers à contacter Ezgi, Guvenç et AyşeNur, habitués jusque-là à accueillir plutôt leurs amis sur le lieu.

Chacun est invité à contribuer aux taches communes (repas, animaux, nettoyage) au gré de ses envies et disponibilités, en parallèle de projets visant à entretenir et améliorer le lieu. Nous aiderons à terminer des sanitaires, à améliorer l’installation électrique existante, à cueillir et nettoyer les oliviers, à préparer la serre pour le printemps à venir ou encore à créer une porte pour la yourte dédiée à la musique et aux activités calmes. Je (Vincent) mets en mode « bricole débrouille », ça me change de l’attirail derniers cris d’outils qui peuplent les ateliers de Make it Marseille dont j’ai l’habitude maintenant !

Nous nous faisons aussi la remarque avec Emma qu’il est parfois bon de se laisser porter. Il est vrai que nous sommes souvent en position de meneurs, en définissant nous même nos propres projets et n’attendant pas que les autres nous embarquent dans les leurs pour avancer. Et nous apprécions aussi la sérénité d’être à terre, sans se préoccuper de la qualité de notre mouillage (c’est-à-dire que notre ancre soit bien accrochée au fond de la mer) ni d’un météo potentiellement changeante !







Chacun est logé dans un habitat personnel, certains dans une yourte, d’autres dans une maison-cabane en bois ou tentes. Nous passerons nos deux mois dans une grande tente munie d’un poêle à bois que nous allumons parfois pendant les jours pluvieux ou soirs frileux.



Guzelgah est une expérimentation pour Ezgi et Guvenç, initiée par une forte envie de se rapprocher de la Nature et d’offrir une éducation différente à leur fils. C’est un lieu qui évolue et évoluera encore, notamment quant à sa destination et son modèle économique (basé jusque là sur la donation des hôtes). Vivre en communauté en dehors des cellules familiales est une expérience apparemment rare et novatrice en Turquie.


Lieu de musique et de chants

Surprise inespérée, Guzelgah a été pour nous une immersion en terre de musiciens magnifiques. Nous en rêvions en regardant un soir « Djam » de Tony Gatlif avant de poser pied en Turquie. Les amis de passage et voisins nous ravissent de leurs guimbardes, saz, luth, sitar et autres bendir. Les chants sont souvent des poèmes turques ou perses mis en musique.




Nous ouvrons délicatement les portes généreusement laissées entrouvertes par nos hôtes du soufisme originel, tel que souhaité par leur maitre Rûmî il y a plus de 700 ans. Ouvrez cette porte avec nous si l’envie vous en dit… (article à venir)

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